Les origines de l’Art du Pastel sont confuses
Le plus ancien dessin où apparaissent des traces de pastel est français, exécuté en 1465, c’est une étude de Jean Fouquet pour le portrait de Jouvenel des Ursins. C’est une invention française si l’on se réfère au témoignage de Léonard de Vinci qui l’aurait appris de Jean Péréal en 1499. Des Clouet jusqu’à Nanteuil les quelques rares couleurs du pastel serviront uniquement à rehausser les dessins au « crayon » des artistes. (Hans Holbein, Lucas Granach en Allemagne, Golzuis en Hollande). La gamme des couleurs s’enrichit avec François Quesnel et les Du Monstier. La technique se développe grâce à des coloristes comme Charles de la Fosse et Coypel. C’est à la fin du XVII° siècle que l’art du Pastel devient une véritable peinture avec la pratique de l’estompage. (Joseph Vivien, Jean-Marc Nattier, Charles Antoine Copeyl)
L’âge d’or de l’Art du Pastel
L’Art du Pastel atteint son apogée au XVIII° siècle avec des pastellistes comme Maurice Quentin de la Tour, Jean-Baptiste Perronneau, J-B Siméon Chardin, Roslin, Labille-Guiard. Paris compte à cette époque plus de 200 pastellistes de grand talent. La cour de France attire les artistes étrangers, Rosalba Carriera, italienne, les suédois Gustave Lundberg, Alexandre Roslin, le suisse Jean Liotard pour ne citer que les plus grands.
L’art du Pastel au XIX° et XX° siècles
Les XIX° et XX° siècles compteront encore de très grands pastellistes, Albert Besnard, Degas, Puvis de Chavanne, Berthe Morisot, Mary Cassatt, Henry Gerveix, Redon, Pissarro, Jules Chéret, Guirand de Scevola. La plupart des grands peintres, Millet, Manet, Picasso, Chagall, Matisse, etc., ont pratiqué le pastel, mais aucun d’eux ne peut prétendre être un spécialiste de l’art du Pastel.
L’Art du Pastel aujourd’hui
Peu avant la seconde guerre mondiale l’art du Pastel français est resté en sommeil, alors qu’il était toujours pratiqué par d’excellents artistes américains, anglais, canadiens, russes, belges et australiens. Aujourd’hui, l’art du pastel français connaît un renouveau spectaculaire, servi par des artistes pastellistes qui ont su moderniser les techniques et porter le pastel au niveau d’une peinture qui égale celle de l’huile. L’Art du Pastel n’est plus réservé seulement au portrait, on le trouve avec bonheur aussi bien dans des œuvres consacrées aux fleurs, au paysage, aux natures-mortes, au nu, à la peinture animalière ou aux marines.
Extraits de conférences : « l’Art du Pastel » par : Jean-Pierre Mérat, Président de la Société des Pastellistes de France
Un peu de technique
Le pastel se présente sous forme de bâtonnets constitués de craie blanche (kaolin, blanc d’Espagne, etc.) et de pigments colorants, réduits en poudre et mixés avec de l’eau et une colle : le liant (gomme arabique). Il est fabriqué en deux qualités : sec et doux… Les fabricants offrent une large gamme de couleurs, celle-ci peut être étendue à l’infini par mélanges et superpositions en cours de travail. Le pastelliste travaille avec ses doigts ou directement avec le bâtonnet suivant les effets qu’il désire obtenir. Estompages, hachures, touches vigoureuses, etc.
Préparation d’une œuvre
La préparation d’une œuvre s’exécute en traits légers, sans appuyer de façon à pouvoir rectifier les erreurs à tout instant sans blesser le support (papier).
- 1ère étape consiste à dessiner les contours et quelques détails du sujet à l’aide de crayons pastel
- 2ème étape : A l’aide de deux crayons pastel, un blanc et un marron, par hachures plus ou moins denses l’on définit les zones d’ombre et celles éclairées (valeurs), de la lumière la plus vive aux lumières tamisées jusqu’aux ombres les plus intenses.
- 3ème étape chaque partie du sujet est teintée légèrement avec sa couleur (un jaune pour un citron, un rouge pour une pomme, etc.). Cette dernière étape donne une vue d’ensemble de l’œuvre future, l’artiste en corrige certains éléments… Le dessin est alors fixé à l’aide d’un fixatif.
Finition de l’œuvre
Il n’y a pas de recette particulière pour achever une œuvre au pastel, seule une longue expérience permet aux pastellistes d’acquérir une technique particulière qui mettra son talent en valeur. Certains adoptent la technique de l’estompage, des mélanges et superposition de couleurs, d’autres celles des hachures, d’autres peignent par aplats de couleurs, excluent les ombres et les lumières, ou encore peignent par touches comme les peintres impressionnistes. De nombreux pastellistes se servent à la fois de toutes ces techniques, chacun d’eux ayant ses propres « savoir-faire ». La beauté d’une œuvre dépend de la maîtrise technique et du talent de chaque pastelliste.
Conservation des pastels
Les musées possèdent des pastels vieux de 400 ou 300 ans, ils ont gardé toute leur fraîcheur. Les œuvres au pastel sont protégées par une glace. Contrairement à la peinture à l’huile, sujette à l’oxydation, les pastels se conservent parfaitement à la lumière du fait de ses constituants neutres : craie, argile blanche, etc. (les couleurs de synthèse fragiles à la lumière sont signalées par les fabricants). En réalité le seul réel danger est l’humidité qui endommage les supports, (moisissure du papier, toile, etc.). Pour le pastel comme pour les œuvres à l’huile, les chocs ou frottements sont évidemment à éviter.