Né en avril 1940 au Maroc, René de LENCLOS (RDL) a quitté sa terre natale en 1961 pour entrer à l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris.
Il a suivi au Lycée LYAUTEY de Casablanca un cursus au départ classique, avant d’opter pour la "taupe", « math sup » et « math spé », afin de préparer les concours aux grandes écoles scientifiques. Ils comportaient alors, entre autres, des épreuves de descriptive, de dessin industriel, et pour certaines écoles, de dessin. Il a ainsi eu l’insigne chance d’avoir pour professeur de dessin Marcel BUSSON, peintre orientaliste et enseignant, dont le Louvre aurait acquis un certain nombre d’œuvres. Ce pédagogue lui a enseigné les rudiments de la pratique du fusain.
Diplômé et service militaire accompli, capitaine de réserve du Matériel, RDL a mené sa carrière dans des entreprises multinationales, françaises et étrangères, créant, dirigeant des départements d’organisation et traitement de l’information.
Lorsqu’il exerçait en Auvergne, de 1969 à 1993, il a été l’un des deux fondateurs de l’Association ADMIRA (Association pour le Développement des Moyens Informatiques en Région Auvergne) dans les années 70, organisant alors de nombreuses réunions publiques à vocation pédagogique et de prospective en matière de traitement de l’information, - comme la perception vocale, la reconversion des secrétaires du fait de l'autonomie bureaucratique des cadres par la bureautique, ou le télétravail dans les années 80 -, travaillant à rapprocher Université et entreprises privées. Il enseigna également l'approche des systèmes d'information et leur analyse entre autres à l'AFPA, au service de la reconversion professionnelle des adultes. Il a par ailleurs été le représentant international des utilisateurs ICL (International Computers Limited), à l'époque remarquable constructeur britannique d’ordinateurs de gestion, avant de devenir le Président national de cette organisation. Il gérait parallèlement une revue de management et de traitement de l’information, «Stratégie au Temps Présent».
En Auvergne, il avait réalisé avec son équipe un système d'information intégré (SI) fondé sur les technologies britanniques, un système d'exploitation, alors sans équivalent, remarquablement sécurisé et résilient, qui englobait une base de données relationnelle elle aussi sans équivalent à l'époque. Le SI couvrait toutes les fonctions de l'entreprise aux sites multiples, reliés en réseau. Dans les années 1980, toute donnée neuve saisie sur écran induisait instantanément l'ensemble de ses conséquences, aux traitements statistiques lourds près. Les répétitions de sécurité et les très rares incidents démontraient que le retour de service rendait "la main" aux utilisateurs à la dernière transaction qui avait précédé l'interruption de service.
Par la suite, il fut recruté par une entreprise de restauration collective pour y concevoir des solutions innovantes. Cette firme fut chef d e file mondial dans les années 90. Son Président avait une formation d'Ecole de Commerce. RDL proposa en 1995 sa solution de "Restaurant en liberté", fondé tant sur des solutions éprouvées en laboratoires de recherche pharmaceutique que sur des solutions électroniques émergentes, lesquelles plus d'un quart de siècle plus tard font florès. Un convive entrait dans le restaurant d'entreprise "en toute liberté", se servait "en toute liberté" quelle que soit la nature des mets, préparés ou en "vrac", s'en allait en toute liberté, sans plus subir les affres des queues aux caisses traditionnelles et du refroidissement des plats. RDL avait réalisé avec son équipe une maquette de ce qu'il en serait, avec les divers types de propositions alimentaires. Il convia le Président à une présentation. Celui-ci déboula, accompagné de son aréopage, si pressé qu'il en omit de prononcer un mot. RDL lui tendit un plateau où reposait une carte identifiée au nom du Président, et convia celui-ci à aller se servir auprès de la maquette. Il obtempéra. Il s'approcha de la maquette. Il fut accueilli par un message personnalisé : "Monsieur B., bienvenue, veuillez vous servir". Visiblement mal à l'aise, il commença à se servir. Sur un écran ses choix s'affichaient, valorisation à la clé. Le Président tourna précipitamment les talons, posa son plateau, et s'en alla, salué par la "machine" qui lui souhaitait un "bon appétit". Peut-être avait-il cru assister à un prodige vaudou. Il n'y eut pas de budget de restaurant test en grandeur nature. Le "restaurant en liberté" ne vit pas le jour. L'une de ses technologies fut semble-t-il exploitée en Suisse, probablement diffusée par l'un des prestataires, électronicien, impliqué par RDL dans la matérialisation de la maquette.
Un très significatif épisode sur l'état d'esprit et culturel de certains chefs d'entreprise français dépourvus de formation scientifique.
Accédant à la retraite en 2002, pour combler le trop brutal sevrage d’activités professionnelles, RDL s’est essayé à un assez grand nombre de techniques d’arts plastiques, - encadrement, confection de vitraux, restaurations de cadres et miroirs anciens, dorure à la feuille d'or, mosaïque, calligraphie et enluminures, sculpture, peinture sur soie et porcelaine, peinture à la tempera, à l’acrylique, à l’huile, au pinceau ou au couteau, à l’aquarelle -, avant de tenter l'exercice du pastel sec aux alentours de 2010.
Cette dernière expérience a été déterminante.
RDL ne réalise plus que des pastels secs. Il procède sur la base de photographies, personnelles ou glanées sur InterNet, qui suscitent en lui une émotion profonde, ce qui explique l’éclectisme de sa production. Cela étant, l’écriture est sa première passion, probablement suscitée par ses études du latin et du grec ancien, ardent défenseur d'une langue française à nulle autre pareille, pourtant malmenée, "jargonnée", corrompue par une multitude contemporaine qui ne fait plus l'effort de la maîtriser, ou veut la dénaturer par des évolutions au forceps qui répondent aux troubles psychotiques de la Société comme l'écriture inclusive. Attaché à la langue de MOLIERE qui était enseignée sans concession dans les années 50, il cherche à traduire préalablement l'émotion ressentie par une versification, très généralement un sonnet en alexandrins, un exercice intellectuel passionnant au cours duquel il s'efforce de respecter les canons de cette écriture, particulièrement par des rimes "riches" (par exemple il ne fera pas rimer "autrefois" avec "bois" s'il peut l'éviter), avant de la transcrire en un tableau avec l'espoir de la faire partager.
Sa facture figurative limite sa production annuelle à quelques tableaux, quatre le plus généralement, plus bien sûr en ... temps de pandémie.
Parmi les peintres qui l'impressionnent le plus :
Louis PASTEUR, scientifique, chimiste et physicien, autodidacte en matière de pastel comme lui-même, qui, par bonheur pour l’humanité, a fait le choix de la microbiologie,
Le CARAVAGE, pour lui le maître incontesté du clair-obscur,
Georges de LA TOUR, et REMBRANDT qui semblent avoir été directement inspirés par les techniques du CARAVAGE, le premier, qui a peu produit, pour sa remarquable maîtrise du portrait, et sa virtuosité dans le clair-obscur, le second pour sa science des contrastes, sa capacité à traduire foules et expression des sentiments, habileté qui sert la puissance émotionnelle de ses portraits,
Maurice Quentin de LA TOUR, fils d'ingénieur et écrivain, qui rêvait tout jeune d'une carrière de peintre, comme RDL mais qui passa, lui, avec brio du rêve à la pratique, et abandonna l'huile pour le portrait au pastel sec, d'une époustouflante manière,
William TURNER pour la poésie qui émane de ses jeux de lumière,
et bien évidemment Léonard de VINCI, entre autres pour sa technique du sfumato, - à laquelle se prête au mieux le pastel sec par l'estompe, dans le rendu des épidermes et des jeux de lumière et d’ombres, corrigé toutefois par la netteté des contours -, par l'emploi également du clair-obscur, pour une « perspective atmosphérique » que RDL affectionne en matière de paysages. Il a aussi retenu une profession de foi de ce génie : « Qui blâme la peinture n'aime ni la philosophie ni la nature ».
Effaré par des saccages de témoignages du génie humain qu'étaient les bouddhas de Bâmiyân, par les Talibans, ou du Temple de Baalshamin à Palmyre, RDL complète la réflexion de l'être d'exception qu'était VINCI par sa propre conviction : « Qui nie ou combat la représentation de l'Homme dénie l'Humanité ». Son œuvre privilégie la représentation d'êtres humains, s'attardant particulièrement sur la somptueuse harmonie de la plastique féminine.
RDL participe aux activités du petit atelier "Des pinceaux et des Ailes" de Bouzel, petit bourg d'Auvergne profonde et authentique, où il a trouvé une ambiance d’une convivialité assez rare et une commune portée à favoriser l'expression artistique. Cet atelier organise une exposition annuelle le premier week-end de septembre, dans le cadre de la fête annuelle de ce petit bourg.
RDL expose peu, ne répondant qu’à des sollicitations qui lui laissent entendre que cela pourrait susciter quelque intérêt des visiteurs. Ses travaux reviendront à sa descendance, modestes traces de son passage ici-bas.
Il arrive que des visiteurs, qui l'enchantent par des appréciations qu'il juge parfois dithyrambiques, lui demandent le "prix" de ses tableaux. Il s'amuse à leur répondre que réalisant quatre à cinq tableaux les "meilleures" années, s'il devait en vivre, nul ne saurait acheter si cher les œuvres d'un peintre obscur. Il ne saurait donc les vendre.
Mais la vraie raison est ailleurs. N'exécutant un tableau que sur une particulière émotion au vu d'une image ou d'un spectacle, il est révélateur de sa personnalité, et il ne se voit pas assumer que des parcelles de lui-même soient ainsi éparpillées. Il ne cède à aucune tentation mercatique, et ne répond qu'à sa conception de la beauté.
Ses sources d'inspiration et la vocation de ses travaux font qu'il ne travaille pas sur commande.
Il a toutefois fait une exception sur sollicitation de condisciples à l'occasion du 55ème anniversaire de sa promotion de Centrale.